mardi 16 février 2016

Méfiez vous des polémiques



Il y a quelques jours, la presse française s'émeut car il manque une ahurissante majorité de députés dans l'hémicycle (441 absents sur 577 députés au total) lors d'un vote d'une extrême importance à l'Assemblée Nationale. Ces élus doivent délibérer sur la constitutionalisation de l'état d'urgence et de la déchéance de la nationalité, pour, paraît-il, garantir au mieux notre sécurité en ces temps de tension et d'alerte attentat sur l'ensemble du territoire. Mais que cache cette soudaine prise de conscience sur l'absentéisme au sein de l'Assemblée.

Tel Donald Trump devant la carte du monde, la presse libre, circonspecte, découvre la démocratie à la française. La polémique enflamme aussitôt les réseaux sociaux, des français par milliers s'offusquent que quelque chose d'aussi grave soit voté par si peu de nos représentants élus à la majorité approximative.
« Quelle honte ! Avec nos impôts et leurs salaires ! »
«  Au bûcher les branquignoles, en plus ils nous saccagent notre belle langue de la France ! »

Comme d'habitude, les politiques ont usé de l'inusable nuage de fumée. Mais il faut dire qu'on est pas futés non plus. On le sait et pourtant 10 fois ils le font, 10 fois on se prend le panneau,. Il faut dire que ça les arrangent bien nos gouvernants. Une polémique sur l'orthographe par-ci, un remaniement par là, l'absentéisme ici. Alors, pendant qu'on s'étouffe dans cette épaisse fumée, on ne s'occupe pas trop de ce qui se passe et de quoi parle cet article 2 qui a été voté en catimini, pendant qu'une masse ébaubie par la disparition de l'accent circonflexe s'étrangle comme un pilier de comptoir s'étouffe en avalant par le trou du dimanche, comme le dit ma grand-mère, ses cacahuètes.
Pour moi, l'article 2 est, lui aussi, un écran de fumée. Cet article 2 est celui qui concerne la déchéance de la nationalité, qui a suscité un vif débat, même parmi le parti du président. Il a été revu, car au début, il ne s'adressait qu'aux bi-nationaux, pour ne rendre personne apatride, mais par soucis d'égalité, il nous concerne tous. Nuage de fumée, car l'article 2 est précédé d'un article 1 qui lui est un peu plus inquiétant, et qui a été voté, et dont pas grand monde a parlé.

Je cite un morceau de cet article (1)

"La loi fixe les mesures de police administrative que les autorités civiles peuvent prendre pour prévenir ce péril ou faire face à ces événements."

En gros, 39 ministres, ou 24 ou 6, si un gouvernement est composé de 24 ou de 6 ministres, du moment qu'ils soient tous d'accord, ou pas d'ailleurs, en déclarant l'état d'urgence, donnent un pouvoir considérable d'intrusion dans nos vies aux autorités, tout se passant de la justice. Ajoutez à l'ajout de l'article 10 (2) sur la consultation de sites à caractère radicaux ou tout autre chose étant considéré comme une atteinte ou calamité à l'ordre publique. Si la dérive nous mène où il ne faudrait pas, cela place chacun d'entre nous de facto dans les petits papiers d'une administration toute puissante qui pourra consulter votre vie privée comme bon lui semble, sans se soucier de la limite de loi et de la justice, puisque c'est la loi.

Autre petite ligne au caractère sympathique :
« La prorogation de l’état d’urgence au delà de douze jours ne peut être autorisée que par la loi. Celle-ci en fixe la durée, qui ne peut excéder quatre mois. Cette prorogation peut être renouvelée dans les mêmes conditions. »

Lors d'un entretien, le Premier Ministre l'a affirmé (3), il souhaite le maintient de l'état d'urgence jusqu'à la « défaite » de Daesh. Et cela peut durer longtemps, très longtemps, la loi ne fixe aucune limite non pas de temps, mais de renouvellement. En cas de dérive, une menace à la nation pourrait venir de n'importe qui et de n'importe quoi.

Alors oui, je suis inquiet et je le suis encore plus, d'une part par les dérives possibles, mais surtout devant la naïveté des gens qui ne verront pas les dérives arriver et se mettre en place. J'entends souvent des phrases dans le genre ;
« Mais t'as des choses a te reprocher pour craindre la loi ? Si elle ne te concerne pas pourquoi t'en inquiéter ? »

Sous-entendu, la loi n'est faite que pour les autres. Que ces réponses m'énervent !
Le problème n'est pas tant ce que j'ai à me reprocher, mais ce que pourrait avoir à me reprocher un état avec autant de pouvoir. Elle est là, la chose qui devrait nous faire peur. Mais non, nous croyons, parce qu'on nous le dit, que les lois ne s'adressent qu'à une partie ciblée de gens, les terroristes. Moi qui croyait que la loi, une fois inscrite au journal officiel, était applicable pour tous et nous concernait tous ! Quel idiot je suis ! Tout va bien en fait, nous n'avons rien à craindre car nul ne pensera à détourner de telle loi, ni aucune autre, à son profit. De toute façon, les lois sont passées au peigne fin, débattue, passe devant le Conseil Constitutionnel qui en vérifie la forme et la conformité. Question, qui a été placé Président de ce conseil par notre Président ?

"Coucou !"


Pour rappel, le rôle numéro 1 du Conseil Constitutionnel (4)

« 1. – Les compétences consultatives

Le Président de la République doit consulter le Conseil constitutionnel lorsqu’il décide d’exercer les pouvoirs exceptionnels que lui confère l’article 16 de la Constitution (l’avis du Conseil est publié auJournal officiel). Les mesures prises dans le cadre de l’article 16 requièrent l’avis préalable du Conseil. Depuis juillet 2008, l’article 16 prévoit que, après trente jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil peut être saisi par le Président de l’Assemblée nationale ou du Sénat ainsi que par soixante députés ou sénateurs aux fins d’examiner si les conditions requises par la Constitution pour recourir à ces pouvoirs demeurent réunies ; il procède de plein droit à cet examen au bout de soixante jours.
Par ailleurs, le Gouvernement consulte le Conseil sur les actes préparatoires à l’organisation du scrutin pour l’élection présidentielle et le référendum. »

Un jour viendra, par décret d'un président, ou nos activités, nos propos seront jugés néfastes ou contraire à l'ordre publique, et ces lois qui ne concernent que ceux qui ont des choses à se reprocher, vont subitement prendre une facette beaucoup moins fun. Je le redis et le redirai sans cesse, mais souciez vous surtout de la liberté de votre voisin car, le jour où vous verrez la liberté de votre voisin se réduire comme peau de chagrin, la votre risque en prendre un sérieux coup.
N'oubliez pas, on nous le rabâche souvent, nous sommes tous (il paraît) égaux devant la loi. Ce qui s'applique à l'un peut s'appliquer à vous. Et que nous avons à la tête du pays un fin stratège politique qui n'a aucune autre ambition que de rester au pouvoir et ce, le plus longtemps possible. Un coup d'état constitutionnel serait-il en route ?



(1) L'article 1 et 2 au complet : http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0678.asp
(2) L'article 10 de la loi Lutte anti-terrorisme : http://www.senat.fr/amendements/textes/2015-2016/336.html
(3) Déclaration du Premier Ministre sur la durée souhaitée de l'état d'urgence : http://www.directmatin.fr/france/2016-01-22/manuel-valls-veut-prolonger-letat-durgence-jusqua-la-defaite-de-daesh-721016
Ajout de dernière minute, la prolongation de l'état d'urgence vient d'être prononcée...
http://www.lexpress.fr/actualites/1/politique/vers-un-feu-vert-du-parlement-a-la-prolongation-de-l-etat-d-urgence-jusqu-a-fin-mai_1764040.html

vendredi 12 février 2016

Gordon et la salade de fruits



Me voilà rentré de vacances bien méritées et je ne savais pas trop avec quoi relancer la machine, il faut dire que les gars tout en haut du gouvernement n'ont pas chaumé en cette période de vacances scolaires, mais, j'avais oublié le remaniement ministériel qui se profilait. Je ne vous cache pas que je me suis amusé au jeu de pronostic de qui part qui reste, quelle tête d'affiche allée venir tenir un ministère pour seulement 15 mois. Oui "seulement" car si pour eux le temps passe vite, pour nous simple cons-tribuables, nous subissons la théorie de la relativité du temps de Albert Einstein de plein fouet. 

Jeudi la toile s'affole, le compte Twitter de l'Élysée égrène un à un les noms de ministres et autres secrétaires d'état  qui vont finir le quinquennat avec François Hollande et Manuel Valls. Outre le fait que Emmanuel Macron descende à la 14 ème place du protocole, ce qui montre bien l'importance accordée à l'économie par notre duo de choc, ce gouvernement sent le rafistolage et la salade à plein nez. Le Chef a sorti sa batterie de cuisine pour nous concocter, non pas un gouvernement de combat, comme le titre le journal "La Dépêche du midi", presse appartenant au nouveau ministre de l'aménagement du territoire Jean-Michel Baylet, mais un gouvernement de racolage électoral une salade de fruits.

Emmanuelle Cosse


Les élections de 2017 passent avant les problèmes urgents du pays, le chômage peu attendre après tout, c'est pas comme si les chiffres officiels nous annoncaient un taux à 10%, alors on verra après. Le gouvernement de François "Gordon Ramsey" Hollande est très coloré COP21, c'est à dire vert. Un vert pastèque, ce fruit délicieusement juteux et rafraîchissant, vert dehors et rouge dedans. Après le refus de Nicolas Hulot, Ségolène qui briguait la place d'un Fabius parti présider le conseil des sages, reste à sa place, alors dans son désir de verdure, not' président, à fait appel à Emmanuelle Cosse qu'il n'a pas mis à l'écologie car y'a déjà Ségo (faut suivre les gars !!) Non, Emmanuelle Cosse, chef de file de EELV, devient ministre du logement et de l'habitat durable (oui, ça veut rien dire, mais ça fait COP21, suivez un peu !!). Ensuite Jean-Vincent est Placé comme secrétaire d'état à Matignon, et tant pis pour sa mamie qui croira qu'il fait les photocopies du Premier Ministre, mais le voilà presque au gouvernement (enfin !!!) Ancien EELV, dissident, frondeur aux dents longues et collectionneur de contraventions impayées, JVP touche à son rêve et va se faire porte parole du président sortant chez les écolos bobos. Toujours dans la verdure, Gordon Hollande qui tient absolument à avoir les voix des écolos, faut dire qu'il ne veut pas du tout les voir aller chez Mélenchon, qui a pris tout le monde de court (mais on s'en doutait quand même un peu) en se lançant dans la course aux présidentielles, fait secrétaire d'état à la biodiversité Barbra Pompili "pump it up" (EELV). Dans son soucis de ne pas faire de "marchandage", le président de la France lance un référendum in-organisable au sujet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes pour contenter les écologistes. 

Jean-Vincent Placé


NON, Il ne fait de "marchandage" pas not'président, il est juste pris en flagrant délit de racolage électoral.

Bon, ça pourrait suffire pour sa salade de fruits, mais, il manque un peu de couleur. Alors, notre chef cuisinier va chercher les copains qui traînent à gauche, un Jean-Michel Baylet (oui, celui qui possède La Dépêche du Midi, c'est bien vous suivez !) rouge tomate, il appartient au Parti Radical Gauche, un socialiste dur de dur, tout comme sa nouvelle collègue; Annick Girardin, (PRG) ministre de la fonction publique. Toute rouge aussi, mais teintée de vert pour la nuance, elle a fait le café préparé la COP21 avec le nouveau sage Fabius. François Hollande nous a, et ce malgré le fait qu'il s'en défende, bel et bien cuisiné un gouvernement multicouleur politique en vue de 2017. Il doit ratisser large et faire des cadeaux et passer outre les nombreuses attaques et tweets incendiaires de certains de ces nouveaux collaborateurs verdâtres, des bulletins sont en jeu.

Pour quelqu'un qui ne veut pas marchander, je trouve cette cuisine plutôt dans la tendance, fraiche mais peu assaisonnée, et finalement peu colorée. Les goûts sont assez fades, même si c'est pour une fin de quinquennat, l'urgence de la situation méritait quelque chose de plus relevée. Mais, comme à son habitude, le chef n'a pris aucun risque et a préféré satisfaire ceux qu'il convoite et dont il aura besoin si il veut participer au deuxième tour des élections présidentielles 2017. Un remaniement qui ne lui vaut pas d'étoile au Michelin, en fait, c'est tout juste une salade de fruits en boite comme on pourrait en trouver chez Flunch.


En avant première, la photo du nouveau gouvernement, VALLS III.























jeudi 4 février 2016

Les agriculteurs victimes consentantes d'un sport français ; le protectionnisme.



Voilà quelques temps que l'inspiration m'a quitté, et je me dis que de me mettre devant une page blanche pourrait déclencher un truc en moi, puis non. Puis vient l'actualité en France, chômage, grève des taxis, grâce présidentielle, réforme de l'orthographe, pas grand chose d'inspirant, et arrivent les agriculteurs et leurs gros tracteurs chargés de fumier prêt à être déversé devant nos institutions de la république. Voilà qui est inspirant, je vais faire comme d'habitude et jeter mon dévolu sur ma cible favorite, l'état français.

Amis agriculteurs, je suis de tout cœur avec vous, vous devez mieux gagner votre vie, c'est normal, vous nourrissez la nation, l'état vous doit reconnaissance et respect. Je suis de tout cœur avec vous, je souhaite voir des agriculteurs vivre de leur labeur, fier de leur métier et enfin avoir toute la reconnaissance que vous méritez, car cela suffit de voir des exploitations vendues pour cause de non reprise de la descendance, cela suffit de voir des agriculteurs se suicider ( 1 agriculteur se suicide tous les 2 jours) étouffer par les taxes, les impôts, les normes, la concurrence déloyale des producteurs étrangers et la grande distribution qui préfère proposer des aliments hors nation à leurs clients. Vous avez peur et c'est normal, vous demandez de l'aide de l'état et c'est là que nos chemins se séparent.

Même si je comprend votre angoisse du lendemain, je ne comprend pas le fait que vous vous réfugiez systématiquement dans les jupons de cet état qui vous étouffe en prélèvement obligatoire et cet état qui signe les normes et quotas européens. Je vous le dis, en vous attaquant à la grande distribution vous vous trompez d'ennemi. La grande distribution, non sans les défendre, ne fait que répondre à une demande de ses clients, rappelez vous, nous sommes en crise, et le consommateur ne réclame que des prix bas et, il faut l'avouer, aujourd'hui, vous êtes incapable de produire à bas prix. Ce n'est pas la concurrence qui est déloyale, mais les impôts et les normes qui se rajoutent à vos dépense qui sont anormaux. Voilà, comment la concurrence gagne vos propres marchés, la grande distribution ne fait que répondre à une demande de prix, bien que la tendance soit au consommer local, la paupérisation de la population fait un choix simple, le prix bas.

Amis agriculteurs cessez de demander protection de l'état, comme vous l'avez toujours fait, car vous vous tirez une balle dans le pied, et syndrome bien français, vous prenez comme bouc émissaire les autres. Ces protections face à la concurrence personne ne vous les a imposé, on vous les a proposé ou vous les avez demandé en oubliant que chaque loi ou chaque norme se transforme en impôts ou en dépense qui alourdissent votre bilan comptable de fin d'année. Vous devez agrandir de plus en plus vos surfaces de cultures, donc augmenter la taille de vos engins, la taille de vos cheptels ce qui a déclenché une inévitable loi du plus fort, où l'on voit les gros manger les petits non pas pour mieux vivre, mais pour survivre, et quand on en vient à travailler pour des miette on est, alors, un esclave.



Ne demandez pas une protection au prés d'un état planificateur qui ne demande que ça, cela n'a fait que poser d'innombrables barrières que votre profession en est devenue une corporation quasi fermée. La seule protection qu'un état doit apporter n'est pas de vous aider à lutter contre la concurrence, car, vous le voyez aujourd'hui sur les étals des supermarchés, cela ne fonctionne pas et ne fonctionnera jamais, mais de vous assurer une liberté totale de votre activité, plus de taxes, de normes, de quotas ni de barrières, d'en finir avec l'Europe et sa PAC et sa politique de subvention. Voilà, une idée riche pour vous libérer de cet esclavagisme, en finir avec cet argent publique car c'est nous consommateurs qui vous « donnons » notre argent par le biais de nos impôts, ce qui fait que nous payons vos productions extrêmement cher au cumul des prix appliqués en supermarchés et ce qui est pris sur les impôts.

Criez, hurlez ou étalez par tonnes votre liberté, car elle seule vous protégera, elle seule vous garantira de retrouver un place de choix dans les étals de la grande distribution, brisez vos chaînes qui vous tiennent et vous étranglent tel des cordes à vos cous.

Je vais finir ce billet en citant un de vos plus illustre défenseur qui, dès le XVIII ème siècle, se battait contre vents et marées pour casser toutes les corporations du royaume France, pour que chaque acteur producteur, commerçant et acheteur soit libre de pratiquer un métier, de vendre et d'acheter. Cet illustre défenseur n'est autre que le moins connu des intendants du commerce sous Louis XV, le breton Vincent de Gournay. Ce breton parlait de lutte des classes et il en comptait trois, et vous, amis agriculteurs, vous faites parti de la première, la plus noble. Rendez lui hommage, vous paysans bretons, en réclamant votre liberté.


"Nos monopoles et nos restrictions font qu'à qualité égale, nos étoffes doivent nous revenir plus cher que chez l'étranger. On a réduit le commerce au plus petit nombre de mains qu' il est possible; on veut gagner le plus qu' il est possible, or, cela ne se peut faire qu'en surhaussant le prix de la marchandise."

Vincent de Gournay (1712-1759)